Aventures au féminin 

  • Publié le 16 sept. 2025 (Mis à jour le 16 sept. 2025)
  • Lecture : 4 minutes
(Photo : Alexe Root)
(Photo : Alexe Root)

Partir à l’aventure, entre femmes seulement, c’est ce que plusieurs groupes de plein air proposent à travers plusieurs régions du Québec. Pourquoi le faire? Pour l’esprit d’entraide, répondront certaines. Pour gagner en confiance dans un sport, diront d’autres. Chose certaine, pratiquer une activité de plein air entre femmes permet d’exercer son leadership plus facilement et surtout, de faire son activité sans pression.  

Les Chèvres de montagne font partie des groupes de plein air qui se sont imposés au cours des dernières années, rassemblant depuis plus de 10 ans une communauté de femmes passionnées de nature et d’aventure. Leur mission est de rendre accessibles certains sports de plein air aux femmes et leur permettre de développer leur confiance sur le terrain. Leur offre touche entre autres le ski hors-piste, la longue randonnée, la voile, l’escalade, le vélo de montagne, le canot-camping, la pêche à la mouche et bien d’autres activités qui ont lieu dans les Laurentides, l’Outaouais, Lanaudière et ailleurs au Québec.  

À travers des séjours ou des évènements tout au long de l’année, l’organisme à but non-lucratif souhaite faire découvrir des sports aux femmes ou perfectionner leurs techniques. Souvent, les sports proposés peuvent sembler moins accessibles, plus intimidants ou téméraires, nécessitent peut-être plus d’équipements, de connaissances ou un réseau social.  

« L’objectif est que les filles aient un accès facilité à ce type de sport, puissent le découvrir ou rencontrer d’autres personnes qui le pratiquent aussi », soutient Émilie Richard, co-directrice des Chèvres de montagne. Même si le nombre de femmes en plein air a augmenté dans les dernières années, la pertinence des groupes comme celui-ci demeure, croit-elle.  

En effet, selon elle, les femmes ont une façon différente d’apprendre. « Pour les filles, de se retrouver entre elles, il y a un sentiment d’appartenance qui est plus fort et elles ont davantage tendance à se dépasser », dit-elle. Puis, le fait d’être dans un contexte avec seulement des femmes leur permet d’exercer leur leadership plus facilement, observe-t-elle. 

(Photo : Alexe Root)

Développer sa confiance 

Katérie Vigeant a participé à plusieurs expériences des Chèvres de montagne, dont une initiation à la survie, une expédition dans les monts Groulx (Uapishka) ainsi qu’un séjour de canot-camping. Ces activités, qui se déroulent dans un cadre sécuritaire, lui ont permis de développer sa confiance et son autonomie en plein air, dit-elle.  

« Aujourd’hui, même si je suis en solo, je me sens en confiance et à l’aise, grâce aux compétences que j’ai développées lors de ces expériences […] Puis, quand je pars avec des amis ou avec mon copain, je suis beaucoup plus à l’aise de prendre ma place, je prends plus d’initiatives et je respecte mon rythme », explique Katérie.  

Ce que la jeune femme aime particulièrement des évènements, c’est qu’il n’y a aucune compétition, dit-elle. « Chacune apprend à son rythme et va chercher ce dont elle a besoin au moment où elle en a besoin. On est vraiment dans un safe space, dans un esprit de bienveillance et de non-jugement. » 

Des sports perçus «masculins», pratiqués par des femmes 

Dans le milieu de l’eau vive, l’organisme Pink Water rassemble la communauté féminine qui pratique des sports d’eau vive à travers des évènements, des activités ou des expéditions, depuis 2014, partout au Québec. « On offre des outils aux femmes pour perfectionner leurs connaissances en eau vive ou pour faire découvrir le sport », mentionne Alexandra Heinkélé, coordonnatrice de Pink Water. Les sports d’eau vive comprennent notamment le kayak, le canot, la planche à pagaie et la luge en rivière.  

Le milieu de l’eau vive est pour sa part majoritairement masculin, étant un sport d’adrénaline. Les femmes ont donc moins tendance à se diriger vers ce sport qui vient avec une pression. « Le but d’avoir des organismes comme Pink Water est d’avoir des modèles féminins qui pratiquent le sport », souligne la coordonnatrice. 

« La pratique au féminin amène une sorte de lâcher-prise, note Alexandra. Les filles sentent qu’elles ont davantage le droit à l’erreur et qu’elles ont moins de pression. Quand les filles sont dans un environnement non mixe, on a remarqué qu’elles essayent davantage de nouvelles choses, sans jugement. »   

(Photo : Pink Water – Gilles Baribeau)

Le vélo de montagne est aussi souvent perçu comme un sport extrême et masculin, indique de son côté Dominique Alarie, fondatrice des Poules qui roulent, un groupe de vélo de montagne pour les femmes. « Pourtant, c’est très accessible aux femmes aussi, dit-elle. Ce n’est pas parce que tu es une femme de 40 ou 50 ans que tu ne peux pas pratiquer ce sport. » 

Dominique a fondé les Poules qui roulent en 2014 avec l’objectif d’initier le plus de femmes possibles au vélo de montagne, de donner de la confiance et démystifier les peurs. En plus des sorties hebdomadaires encadrées par des coachs certifiées, l’organisme propose aussi des voyages de vélo de montagne entre filles, notamment dans les Laurentides. « Le fait de pratiquer le sport seulement entre femmes diminue le standard de performance », indique Dominique Alarie. 

Plaisir et entraide 

Dans tous ces organismes, deux mots reviennent pour décrire l’ambiance des activités : entraide et plaisir. Lors des évènements de Pink Water, « l’ambiance est festive, amicale, dans un esprit d’entraide et de dépassement, souligne Alexandra. On sent que les filles viennent pour vivre quelque chose d’inhabituel. » 

Du côté des Chèvres de montagne, que ce soit en séjour ou en évènement, tout est pris en charge par l’organisme. Cela permet de libérer une charge mentale pour des femmes qui sont souvent mères ou qui ont une vie occupée. « On est vraiment dans un optique de plaisir. Entre les moments d’activités ou de mentorat, on va manger ensemble ou prendre l’apéro », explique Émilie Richard.  

(Photo : Alexe Root)

Pour Dominique Alarie, chaque sortie de vélo est énergisante. « Souvent, lors de nos pratiques, les femmes vont arriver plus fatiguées. Mais dès la fin de la ride, on sent l’énergie qui est là à nouveau! » Puis, plusieurs femmes partagent le même quotidien : enfants, travail, école. Les sorties deviennent un moment précieux et de qualités pour celles-ci.  

Même si la place des femmes dans les sports de plein air s’est renforcée au fil des années, toutes affirment que des espaces comme ceux-ci demeurent essentiels. Ils offrent bien plus qu’un simple cadre sportif : ce sont des lieux d’apprentissage, de connexion et d’émancipation. Ces communautés permettent aux femmes de repousser leurs limites, à leur rythme, et de s’approprier pleinement leur pratique du plein air. 

 

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