L’orignal : Un roi qui a beaucoup de panache  

L’auteur Michel Therrien lors d’un récent voyage de chasse à l’orignal et pratiquant l’appel. (Photo : Alex Côté)
L’auteur Michel Therrien lors d’un récent voyage de chasse à l’orignal et pratiquant l’appel. (Photo : Alex Côté)

L’orignal s’affiche fièrement sur les t-shirts de nombreux Québécois et Canadiens. Mais connaissons-nous réellement cet animal emblématique aux traits fort distinctifs? Portrait du plus grand représentant de la famille des cervidés et aperçu des façons de le chasser.  

Au Québec, il représente le mammifère terrestre le plus imposant que l’on peut croiser en forêt. À titre comparatif, il présente une taille similaire à celle d’un gros cheval qui tire des charges. À la naissance, son poids oscille entre 25 et 35 livres, mais le jeune veau orignal est le mammifère qui se développe le plus rapidement. Il peut gagner entre 2 à 5 livres quotidiennement en juillet et août!  

La pousse des panaches au printemps révèle également un caractère exceptionnel chez cet animal. Son grand panache peut atteindre 60 pouces en largeur et il pousse au printemps et en été, jusqu’à la toute fin du mois d’août. Puis, celui-ci chute au sol au début et durant l’hiver. Un gros panache d’orignal demeure la partie animale sur terre jouissant de la plus grande croissance qui soit. Son panache lui sert lors des affrontements qui surviennent durant la période de rut. Celle-ci s’échelonne en général du 24 septembre au 6 octobre.   

Le mâle orignal est polygame et il devient bavard en automne pour rencontrer des femelles, mais aussi pour dissuader d’autres rivaux.     

Un peu d’histoire de chasse  

Si on se réfère aux récits rapportés des Premières Nations, la chasse au roi des cervidés s’effectuait près des cours d’eau en été et en raquette durant l’hiver. La chasse en imitant l’appel de l’orignal à l’aide d’un cornet d’écorce remonte également à la nuit des temps. En effet, des illustrateurs ont dessiné des images montrant de telles scènes se rapportant à l’année 1855, mais ça existait probablement bien avant.   

L’orignal se chasse avant tout pour la qualité de sa venaison, mais sa fourrure était également utilisée pour confectionner des tipis, des tentes et des vêtements.   

Au Québec, la culture de la chasse à l’orignal a surtout débuté après l’abolition des clubs privés, soit après 1977, lors de la création des zones d’exploitations contrôlées (ZEC). Dès lors, un pourcentage fort élevé de chasseurs québécois de diverses régions dans la province ont adressé des offensives de chasse à son endroit. Il s’agit du gros gibier qui génère le plus de retombées économiques dans la province avec un peu plus de 165 000 adeptes. En 2024, il y a 20 431 orignaux qui ont été déjoués par des chasseurs.   

Pour garder un équilibre dans les populations de ce grand cervidé, le ministère de l’Environnement, de la lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs procède à des inventaires aériens et à des mises à jour des plans de gestion de la chasse avec diverses normes et règlements. Les populations d’orignaux peuvent aussi être affectées par la perte d’habitats, par la prédation tels les loups et l’ours noir, et par la tique.  

En automne, lorsque la température est parfois anormalement chaude, les recherches révèlent qu’ils ont des habitats d’abris qui agissent un peu comme des « aires fauniques climatisées ». Ce comportement de quête de fraîcheur répond à ses instincts de conserver le plus d’énergie possible (principe de thermorégulation). Durant l’été, lorsque son poil est plus court, il fréquente régulièrement les nombreux plans d’eaux sauvages du Québec pour se désaltérer, pour se nourrir de plantes aquatiques et pour se rafraîchir.     

Michel Therrien et la chasseuse Christina Bouchard à l’automne 2024 avec un orignal déjoué en utilisant un cornet en écorce pour imiter ses appels. (Photo : Alex Côté)

Les approches de chasse  

Je guide la chasse à l’orignal et je traque ce cervidé depuis maintenant plus de 40 ans. Cette chasse se distingue du fait que cet animal possède tout un vocabulaire. Quand on maîtrise celui-ci, tout devient à la fois possible et spectaculaire! Les vocalises les plus performantes à la chasse sont celles imitant une femelle réceptive dans un lieu savamment déniché par le chasseur et souvent éloigné des sentiers battus. Le son de la femelle est nasillard et cet appel se caractérise par des tonalités variables s’échelonnant de 2 à 6 secondes. Il est également possible de faire réagir un mâle en imitant un autre mâle dans un langage plus caverneux et baryton, ne dépassant même pas 2 secondes.   

Je chasse encore avec un bon vieux cornet en écorce de bouleau. Avec les années, j’ai enseigné cet art lors de formations et j’ai fait des productions sur des clés USB pour mieux démystifier le riche vocabulaire de l’orignal. Il est possible de déjouer des orignaux à partir d’un site d’affût stratégiquement installé, mais j’aime bien me déplacer en marchant comme l’animal tout en m’annonçant avec des appels.   

L’orignal possède des capacités auditives exceptionnelles si bien qu’ils peuvent s’entendre entre eux à près de 2,5 kilomètres de distance quand les conditions sont favorables à la transmission de sons en forêt (absence de vent).   

À mes yeux, l’orignal est un animal exceptionnel et parfaitement adapté à la rigueur de nos climats. Mais il faut poursuivre les recherches, les suivis et la compréhension des enjeux sensibles qu’ils affrontent.   

Je photographie les orignaux, je les dessine, j’aime parler d’eux et je confesse qu’il s’agit de ma viande bio favorite dans l’assiette. Ce grand cervidé fait non seulement partie du patrimoine de notre riche biodiversité faunique, mais il fait aussi partie de nos familles, de nos régions, de notre économie et de notre culture. Prenons-en soin en ayant du respect et du panache à son endroit!  

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