Cet été : Les vacances dans sa région  

  • Publié le 18 juin 2025 (Mis à jour le 18 juin 2025)
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(Photo : Tourisme Laurentides)
(Photo : Tourisme Laurentides)

Avec le contexte économique entre le Canada et les États-Unis depuis le début de l’année, nombreux sont les Québécois qui décident de voyager au Québec cet été pour profiter de ce dont les régions ont à offrir. Une bonne nouvelle pour l’industrie touristique de la province.  

 

Selon un sondage réalisé par l’Alliance de l’industrie touristique du Québec en février dernier, près de la moitié des Québécois qui ont planifié un voyage aux États-Unis l’ont déjà annulé ou prévoit le faire. Puis, 49 % des Québécois qui ont annulé leur voyage aux États-Unis ont l’intention de rester au Québec pour leurs vacances en 2025. Pour l’économie québécoise, c’est une bonne nouvelle, soutient l’Alliance. Les vacanciers qui choisiront de rester au Québec « pourraient avoir des répercussions positives significatives sur le tourisme local, engendrant des retombées additionnelles estimées à 1,5 milliard $ ». 

Trois facteurs viennent influencer les Québécois sur leur choix de destination pour leurs vacances d’été, soutient Sébastien Benedict, vice-président Affaires publiques et communications à l’Alliance de l’industrie touristique du Québec. « Le premier, c’est la colère. Les gens sont furieux de ce qui se passe aux États-Unis. C’est comme une protestation de ne pas aller aux États-Unis. Le deuxième facteur, c’est la peur. Les gens se demandent quelle sera la réception là-bas. Le troisième facteur est économique. Avec la chute du dollar canadien, ça devient moins intéressant pour les Canadiens. On se dit qu’on va en avoir plus pour son argent en restant ici », explique-t-il.  

Fort achalandage prévu 

« Pour nous, c’est excitant, car le seul moment où l’on a vécu un tel engouement, c’était durant la pandémie », souligne-t-il. Toutefois, ce qu’on vit actuellement est bien différent d’il y a cinq ans, alors que plusieurs commerces étaient fermés et les mesures sanitaires restreignaient la capacité d’accueil. « Si tu veux supporter la province dans le contexte actuel et démontrer ta solidarité, le plus gros achat local que tu peux faire, ce sont tes vacances. »  

Baisse de fréquentation des touristes américains 

Toutefois, en avril dernier, la Direction des connaissances stratégiques et de l’intelligence d’affaires du ministère du Tourisme observait une baisse de 21 % de la fréquentation des touristes américains par rapport à l’an dernier. L’éclipse solaire de 2024 avait toutefois généré beaucoup d’entrées à la frontière, ce qui creuse le déficit.  

L’année avait pourtant bien débuté avec une hausse de fréquentation de 17 % en janvier pour ce marché, selon le tableau de bord des indicateurs avancés des entrées à la frontière du ministère. C’est à partir de mars que l’on voit une baisse.  

Du côté des pourvoiries du Québec, le dernier sondage réalisé auprès d’une trentaine de pourvoyeurs laisse présager une saison stable pour les pourvoiries membres du réseau, et ce, malgré le contexte économique et politique actuel. Les pourvoyeurs ont affirmé que la clientèle québécoise répond « présente » à l’invitation de passer des vacances au Québec cet été. Pour la clientèle américaine et européenne, on sent une certaine stabilité dans les demandes, à l’exception de certaines destinations de pourvoirie qui constatent une légère baisse.  

Une offre diversifiée au Québec 

Encore cet été, les touristes recherchent des expériences en plein air et en tourisme gourmand. « Ça demeure des sujets d’intérêt pour les gens. Notre offre au Québec pour ces deux secteurs est très intéressante », explique M. Benedict.  

« Peu importe le type d’activité que tu veux faire, on en a et elles sont accessibles au Québec. Contrairement au mythe, on est moins cher qu’ailleurs, selon une étude que nous avons réalisée », soutient M. Benedict. « Le Québec peut être une destination luxueuse, mais aussi abordable. » 

Les impacts dans les Laurentides 

La région des Laurentides est l’une des plus visitées dans la province par les touristes américains au Québec. Les dépenses touristiques de ceux-ci ont diminué à partir du mois de mars 2025. « Le mot d’ordre, c’est de dire : on est accueillants. On veut que les touristes américains se sentent accueillis, alors qu’on a toujours eu une relation amicale avec eux », explique Mélanie Poirier, gestionnaire médias chez Tourisme Laurentides. En 2019, ils représentaient 10 % des visiteurs dans les Laurentides.  

« Les visiteurs du Québec vont être très importants cet été. Toutefois, on sent une tendance au niveau des réservations qui se font vraiment à la dernière minute. Dès que la température est plus clémente, on va voir les réservations pour le week-end ou la semaine d’après », dit-elle. 

Selon les observations de Tourisme Laurentides, on observe une tendance à avoir plusieurs courts séjours de vacances, plutôt que d’avoir deux semaines au même endroit.  

« On a adapté nos campagnes pour encourager certains marchés à venir profiter des Laurentides en soulignant qu’ils en auraient plus pour leur argent », souligne Mme Poirier. 

 

Photo : Tourisme Laurentides

Lanaudière : La clientèle de proximité est présente 

Il est encore tôt pour Tourisme Lanaudière pour ressentir l’impact de la situation économique avec les États-Unis pour l’été. L’association touristique régionale a toutefois mené un sondage au printemps pour analyser les impacts. Ainsi, selon ce sondage auquel 65 entreprises de la région ont répondu, les prévisions d’achalandage cet été restent stables pour toutes les clientèles, mais on observe une certaine hausse pour la clientèle de proximité (Lanaudois et Québécois) et une certaine baisse pour la clientèle américaine. « Cela veut dire que certains touristes qui faisaient un voyage aux États-Unis normalement ont plutôt planifié une excursion ou une activité dans Lanaudière à la place », explique Elaine Desjardins, directrice générale par intérim de Tourisme Lanaudière.  

Le budget dépensé reste également stable pour toutes les clientèles, mais on note une légère baisse du budget dépensé pour la clientèle de proximité. « Le contexte économique fait en sorte que les gens restent chez eux, dans leur région, et ont un budget plus limité », indique Mme Desjardins. Le phénomène est le même pour la durée des séjours, où l’on observe certaines baisses chez les Lanaudois et les Québécois. 

S’il est difficile de mesurer les impacts en ce moment (mai), une tendance semble s’installer. La clientèle québécoise semble rester chez elle, dépenser moins d’argent et partir moins longtemps, mentionne Mme Desjardins. « La clientèle de proximité dépense moins, mais est plus nombreuse. Donc sur les résultats, ça reste stable », indique la directrice.

La Zec Lavigne dans Lanaudière. (Photo : Réseau Zec)

L’Outaouais s’adaptent aux marchés 

Du côté de Tourisme Outaouais, il était encore trop tôt pour prédire les impacts de la situation économique avec les États-Unis sur la région. Toutefois, on s’attend à ce que la saison estivale en soit une bonne pour le secteur touristique. « Il y a une tendance à vouloir rester au Québec. […] Du côté touristique, on voit une opportunité, malgré toutes les choses négatives que l’on entend », souligne Geneviève Latulippe, présidente-directrice générale de Tourisme Outaouais. 

Notamment, l’organisation observe que des voyages de type « tour guidé » se tournent vers le Canada et le Québec, plutôt que les États-Unis. « On travaille avec les agences de voyage afin qu’elles mettent l’Outaouais dans leurs forfaits et itinéraires », dit Mme Latulippe. Au niveau du tourisme d’affaires, qui représente une grande partie du tourisme en Outaouais, beaucoup d’organisations qui avaient des évènements ou des congrès aux États-Unis essaient de trouver d’autres endroits au Québec pour les accueillir. 

Carpe Diem (Photo : Johany Sergerie)

Campagnes promotionnelles 

Au printemps, l’association touristique régionale était déjà bien active au niveau de ses campagnes et initiatives promotionnelles pour attirer les différents visiteurs cet été, souligne Mme Latulippe. Alors que le marché de visiteurs dans la région provient surtout de la France, de l’Ontario, de Londres et des États-Unis, Tourisme Outaouais profiter notamment du taux de change avantageux pour attirer les touristes. « Les gens pensent beaucoup à leurs dépenses. Au Québec, tu en auras plus pour ton argent », soutient Mme Latulippe.  

« L’Outaouais est situé dans une zone très stratégique. Nous partageons une frontière avec l’Ontario alors on a accès à un grand marché de touristes venant d’Ottawa, avec l’aéroport international et la gare. D’ailleurs, le vol Ottawa-Londres est de retour et on travaille en collaboration avec Tourisme Ottawa pour le démarchage de cet ancien marché », explique Mme Latulippe. Souvent, les gens qui viennent visiter Ottawa vont aussi découvrir « le vaste terrain de jeu » qu’est l’Outaouais, qui offre une proximité entre les milieux naturels et urbains.