L’Abitibi-Témiscamingue compte plus de 20 000 lacs. Les plus connus sont fréquentés principalement pour la pêche, les activités nautiques ou de villégiature, mais plusieurs de ces milliers de cours d’eau s’avèrent de véritables paradis pour pratiquer la nage en eau libre.
On compte entre 200 et 250 mètres pour traverser à la nage le lac des Sœurs, situé en périphérie de Val-d’Or. Tôt le matin, le lac est miroir, parfois décoré d’une petite brume ou encore mieux, d’un huard qui chante à nos côtés. En arrivant à l’autre bout de la rive, on est accueilli par la fraîche odeur des conifères. Ce petit lac fermé, interdit aux bateaux à moteur s’avère le lieu de prédilection pour les sportifs en préparation d’un triathlon ou les nageurs du dimanche qui ont envie de se surpasser ou simplement de se plonger en pleine « boréalité ».
L’artiste valdorienne Micheline Plante a justement apprivoisé la nage en eau libre au lac des Sœurs, à l’aube de ses 70 ans. « Quelle grande joie la première fois que je me suis fait confiance en traversant lentement ce lac! J’étais pleinement consciente de mes mouvements et de chacune de mes respirations contrôlées. Ce lac est devenu un ami motivant à maintenir ma forme », confie-t-elle. L’été dernier, la photographe Caroline Hayeur, était de passage dans la région et a été éblouie par sa traversée matinale. « Si je restais ici, je pense que je viendrais ici tous les jours », avait-elle lancé.
Avoir accès à 20 000 lacs, c’est bien, mais savoir où nager en toute sécurité, c’est mieux! Michel Désy, grand sportif et passionné de plein air, nage dans « tous les lacs d’eau claire de la région avec un accès minimum ». « J’adore les lacs des collines Kékéko, mais il faut s’y rendre à pied. Les lacs du parc d’Aiguebelle sont super aussi. Le long des chemins forestiers, il y a beaucoup de jolis lacs, mais il faut savoir explorer », indique-t-il.
Mais l’exploration a un prix. Parfois, on tombe sur une perle rare, mais peu accessible. À d’autres occasions ou à certains moments de l’année, ce sont les algues ou les bateaux à moteur qui envahissent les plans d’eau. Jeter un coup d’œil sur les prévisions météo n’est pas non plus à négliger. « Je me souviens d’une nage au lac Blouin où l’orage me courrait après. C’est tombé quelques minutes après ma sortie de l’eau », se souvient Michel Désy.
Parmi les autres règles de sécurité, le Club de triathlon Les Explosifs, de Val-d’Or, sensibilise toujours ses membres à être visibles lors de leurs entraînements. « Porter un casque de bain noir dans un lac où il y a de la vague, ce n’est pas une bonne idée. On dit toujours aux gens de porter un casque visible et de traîner une bouée [de nage en eau libre], à la fois pour la visibilité et la sécurité des nageurs », conseille la présidente Marjolaine Richard.
Nage en eau libre Québec publie, sur son site web, une panoplie de conseils reliés à la pratique de la natation en lacs. On y rappelle qu’au Québec, tous les citoyens québécois ont le droit d’occuper ces cours d’eau, puisqu’ils sont publics. Cependant, l’enjeu est de pouvoir y accéder légalement, en ayant l’autorisation préalable d’un propriétaire vous offrant un point d’entrée, peu importe son statut. On y retrouve également une carte qui répertorie une centaine de lacs propices à la nage en eau libre, dont certains où sont dotés de corridors. Étonnamment, seulement deux lacs de l’Abitibi-Témiscamingue y figurent : le lac Beauchamp d’Amos et la plage municipale de Ville-Marie, au lac Témiscamingue.
Le Club de triathlon Les Explosifs travaille pour remédier à la situation. Cet été, un tout nouveau corridor de nage en eau libre est aménagé à la plage municipale du lac Blouin de Val-d’Or. Grâce à des subventions obtenues de Loisirs et sports Abitibi-Témiscamingue et de la Ville de Val-d’Or, le club a réussi à faire installer un corridor sécurisé de 200 mètres (400 mètres aller-retour). Au cours des prochaines années, Marjolaine espère faire doubler la longueur du corridor. En attendant, elle se réjouit de ce premier pas franchi et de l’engagement de ses partenaires. « Nous allons aussi produire une campagne pour sensibiliser les plaisanciers à la présence des nageurs », annonce-t-elle.
Depuis 2022, un groupe traverse, à relais, la distance entre Val-d’Or et Amos à la nage dans les eaux troubles de la rivière Harricana. La « Mission Harricana » a pour but de sensibiliser le public à demander de l’aide en cas de problème de santé mentale. L’instigateur de ce défi, Daniel Burke, a réalisé cet exploit de 70 km en individuel en 2011 et 2013, avec son ami Thierry Tremblay.